Craqua le bois flottant. Peut-être poutre, ou morceau de calle. Le souffle d'un ouragan violenterait encore la coque du Meteor, des bourrasques assourdissantes, débris prenaient ma mer.
Barter Bay pour malédiction, ciel aux abois de son dernier jour. Chaos apprête le tombeau de sa gloire sur toute chose. Etait-ce ce jour ultime du grand déluge et incombe aux élus d'y être envoyés par le fond. Encore fallait-il croire au divin courroux abattant la terre comme le ciel.
Bras brinquebalant cherchaient un repos après sa nage, traînait la patte dans le sable, buta sans égard un ou deux de ces débris ça et là. L'on entendait, perdus dans l'épais brouillard typique de cette île réputée, les toussotements étouffés de quelques dizaines de mousses, tant d'autres matelots plus aguerris, et en évidence enseigne titubant à la recherche d'une réponse : Que s'était-il vraiment passé ?
Volutes enveloppantes, atterantes, angoissantes. Témérité en alerte, la pression légère mais poignante au creux de l'estomac se nichait de son étrange sensation. Chimères blanchâtres envahirent les sens. Toucher volage. Vue embrumée jusqu'à douter d'existence. L'ouïe assourdie trouvant un fond opaque qui finit de la faire prisonnière.

« I'm not intimidated by anyone. And you're not one of them. »

Dessin se précisa, doucereux de son mysticisme, illustration emprunta ses traits de chamanisme d'un ancien temps. Voix se clarifia, surplombait les pensées de sa parole prophétique. Lugubre illusion d'un passé, au présent, ou d'avenir. Entrevit peine ignorée pour laisser s'échapper quelques soupirs las. « My destiny didn't wait anyone to trace it out for me. Whatever you are, go your way. I can't help you. »

@the seer
[crédit; poesiescendrees]

@the seer
[crédit; icon. by. vocivus.]

Les ténèbres avalent l’astre solaires et s’étendent en victorieuses conquérantes. Pesante, presque empreinte d’une existence propre, venant poser la menace de leur souffle glacé contre son échine. Jamais la nuit ne lui aura paru aussi terrifiante. Monstre vorace, apocalyptique, de ceux qu’ils ne sert de rien de fuir, alors que ses serres s’enfoncent déjà dans l’âme de ses victimes. Créature insidieuse au silence pesant, qui laisse les secondes s’égrainer, les crocs dévoilés en un rictus amusé. Gamine lève les yeux vers l’éther, affronte l’abysse dans l’espoir futile de trouver une constellation. La moindre étoile, la lune. Ne serait-ce que la queue d’une comète. Careful, kiddo. When you look long enough into the abyss, it will gaze back right at you. Minuscule sorcière défie pourtant l’éternel, vents tumultueux agitant la surface du regard océan. L’appel l’arrache à sa contemplation, sème les graines d’espoir et de curiosité dans la caboche tourmentée. Find him, and you’ll be safe from the wreckage. Comme un echo détourné des palabres de l’oracle.


Conscience s’agite et s’étouffe sous le poids de l’inquiétude qui la bouffe. Prières silencieuses restées en suspend, le silence presque assourdissant. A croire que les ténèbres auront eu raison d’invincible. La silhouette se faufile dans l’antre interdite, les mirettes trouvant le devin arrivé au même instant que les calamités. « I heard you call. »  Gamine s’agenouille devant la figure, la caboche restant pourtant résolument droite. « Please, could you share some of your wisdom with me ? »  Supplique de l’enfant envers son aîné. Qu’importe son propre chemin, tant qu’il retrouve ceux des siens. Pour cette sainte trinité, perdue par delà les mers. Au nom du père, du mentor, et de l’ami sincère.

@the seer
[crédit; icon. by. vocivus. / quotes by Benton James Kessler]

L'échine encore courbée par l'affront tempête essuyé et le cœur alourdi par la perte d'une sœur ; c'est d'un pas traînant que la Basheer se dirigeait à la croisée des chemins de son destin. Bien sûr que rumeurs avaient frayé passage jusqu'à ses oreilles toujours tendues au vent colporteur. Langues plus ou moins mauvaises accusant l'apparition de l'oracle d'être à l'origine même de tous les maux qui s’abattaient au dessus de leurs têtes. Nuit noire qui s'accrochait à l'horizon privant de son linceul sombre les pauvres âmes qui réclamaient à corps et à cris les douces caresses de l'astre solaire. Mère nature avait dès lors perdu ses repères et déchaîné sa colère. Vents et marées ne furent plus si bien réglés et vagues comme typhon désorchestrés se mirent sur leur terrible passage à tout avaler. Créatures énervées aux gueules béantes n'ayant pas un seul instant hésité à elles aussi aux funestes ripailles s'inviter. Entre terre et mer seule une chose était sûre   …


QUE DE PARTOUT
L'ON ÉTAIT EN ENFER

Et au milieu de cette géhenne se tenait miraculeusement debout un vieil illuminé. Sage pour les uns, vieille carne dont il n'y avait plus rien à tirer pour les autres. Figure énigmatique qui ne laissait nul indifférent. Là était le luxe lorsque par sa seule présence l'on mettait à mal l'humaine vanité. De quelques mots, il pouvait distiller dans votre esprit les contours brumeux de ce qui pouvait bien se dessiner dans votre horizon. Phrasé énigmatique que l'on ne savait bien souvent déchiffrer que la prophétie une fois réalisée. Et pourtant malgré déchiffrement tardif qui se profilait, demie-sirène s'était laissée entraîner par la curiosité. Ne savait guère si elle croyait ou non  - et si elle voulait y croire - à ce que l'on voudrait bien lui prophétiser. Mais elle était là. Se tenant devant la tanière de l'étrange entité que l'on ne saurait ranger dans une case. Ce fut les paroles de cette dernière qui tirèrent la brune de ses pensées.  




Tête se relève et prunelles mordorées se posent en inquisitrices sur celui qui étale sans gêne sa prétendue supériorité. Sourcil se hausse, bras se croisent sur la poitrine de celle qui était tout de même rentrée. « Pardonne-moi vieil homme,  mais je ne suis pas du genre à courber le dos si facilement. » qu'elle répond grinçante. Ne cillant pas Zehra avance même d'un nouveau pas. « Alors qu'as tu à me prédire, ô grand oracle respecté ?» Si les paroles restent de miel, le sous-texte est bien moins agréable en bouche. N'aime guère les airs pédants de ce prétendu shaman je sais-tout. Qu'il accouche, qu'ils en finissent et qu'elle reparte.

[crédit; code: vixen ❙❙ icon : unknown]

bruissements mystiques ont percé la nébuleuse. auteur de fables absconses porté par les flots s'octroie un instant le pouvoir des dieux. puits luminescent où mortels comme hybrides abreuvent leurs espérances, lavent leurs pêchés ou cultivent la rage bouillonnant sous l'épiderme. aux pieds du devin mendiants plient l'échine, ployant devant les arcanes du destin dont lui seul est le maître.

dans l'antre, globes plissés scrutent l'ombre immobile, baignée de sa lumière tamisée. alors se dévoile un décorum irréel, emprunt d'effluves inconnues qu'il porte en lui. car il est funambule oscillant entre les mondes. sur sa peau il encre ces précieux savoirs ramassés dans les chuchotis des esprits. et son silence l'apaise autant qu'il la terrifie, vilma, craignant le fiel des trépassés. ces mêmes chimères dont les griffes esquissent les contours de son visage au couchant. face au vieillard, nul fantôme n'oserait se rire d'elle pourtant. caboche s'incline et le corps à son tour se courbe, genoux épousant la terre rocailleuse à quelques mètres de l'oracle.

"i need to know" brise l'apathie, les phonèmes fomentent son vœu pieux. d'un souffle timoré, elle y place ses espoirs, vilma, n'osant à peine croiser les pupilles translucides. affres redoutées où les ondoiements d'une hydre effroyable transperceraient la surface, boufferaient son âme entière pour l'abandonner plus vide qu'elle ne l'est déjà. "please, i beg you... show me everything." even if it means destroying every crumb of hope i may have. au-dessus des paupières closes danse le chaos des souvenirs, radieux et pourris par les pensées morbides. sous la carne, elle hurle vilma.