Je récupère un bout de pain des mains tendues de Muireall, et un second offert par Korvo. J'en apprecie le gout salé et tombe sur la première chaise en ecoutant la chirurgienne.

« Peut-être que la prochaine fois, je pourrais vous accompagner en ville ? Vous devez bien connaître des receleur-se-s qui seraient ravi-e-s de vendre les œuvres recherchées en toute discrétion ? »

Ah ca oui, j'en connait quelques uns. Je comprenais le besoin de discrétion de Korvo dont les créations, acclamées par certains, faisaient poser de mauvaises questions a d'autres. L'art est un marché a part, dans un monde où l'utile a une place de premier choix.
Dans les clients sérieux, on a les collectionneurs bien sur, riches et dilettantes mais pour avoir un prix correct il faut qu'ils connaissent la créatrice, ou qu'ils soient suffisamment stupide pour croire ce que j'aurai la fantaisie de leur raconter sur le moment.

Wagner serait un bon contact, il ne pose pas trop de question et sait faire le taf, mais est d'une lenteur épouvantable. Et il est du genre a ne croire que ce qu'il voit, donc il faudrait lui laisser les œuvres de Korvo, puis attendre des mois un potentiel acquisiteur. Même si son établissement n'a jamais subit a ma connaissance de vol, on n'est pas exactement dans la partie la plus legale du commerce et lui confier ca ne me plait pas.
Oriane peut etre ? Elle a deja tenté de m'arnaquer quelque fois, mais quand j'ai decoder son bluff je pense avoir gagner son respect, au moins en partie.

Je leve les yeux de mon dejeuner pour en parler a Korvo, mais je la vois discuter avec Muireall a coté des rebuts. Curieuse, comme souvent, je m'approche.

Je suis rarement discrete, ma jambe m'empeche d'avoir le pas souple et leger et quand j'arrive, on m'entend en general. Le fait que j'ai donc deux paires d'yeux sur moi n'est pas une grande nouveauté quand je rejoins la conversation, mais c'est leurs expressions qui me font lever un sourcil.
Angoisse d'un coté, supplication de l'autre. Allons bon, ca ne fait que deux minutes quand meme ! Des gosses.

« Je peux aussi rafistoler les gens, si c’est plus facile à vendre que des crânes, hein »

Korvo essaie de noyer le poisson, et je lui prête main forte en attendant de calmer le jeu.

"Hmm, je pense qu'il vaut mieux rester sur les cranes, les corps c'est toujours compliqué, les gens le prennent personnellement quand c'est trop humain. J'avais pensé a un contact, elle pourrait faire augmenter les enjeux et créer une tendance sur tes créations, pour qu'on trouve facilement des acquéreurs. Si ca marche bien, il suffit que quelques collectionneurs se battent et enchérissent pour qu'on se trouve bien. Rien n'est sur évidement mais ca peut s'envisager"

Je me place lentement entre elle et Muireall, pour que se dernier s'apaise. Faudrait quand même trouver un truc pour les rapprocher ces deux la, je suis veut bien faire la médiatrice mais je serai pas toujours la pour faire tampon non plus.

"Ah et faudra bien sur se débarrasser du reste. Les vêtements et objets j'en fais mon affaires, mais pour les membres on pourrait faire comme la derniere fois pour que tout disparaisse rapidement. Muireall, tu continue a plonger aujourd'hui, ou tu aurais du temps pour nous donner un coup de main plus tard ?"

Sans attendre de reponse de l'un ou de l'autre je recupere les vetements en train de secher sur le bastingage. Ils sont toujours trempés, et les eclaboussures qu'entrainent les Cailloux n'aident pas, mais les deux autres ont tendance a mieux s'exprimer quand on ne les fixe pas directement. Deja un point commun.