tandis que le soleil faiblit et que les ombres se soulèvent, créature nocturne s'extirpe enfin hors du nid pour se mettre en chasse. le pas entonne le refrain habituel, se faufile sous la terre, grouillante vermine sous les pavés de lawfort. l'odeur familière d'ivresse et de tabac sonne la fin du périple, et vipère se mêle aux marins attablés. une oeillade suffit à cerner l'absence de danger, lui certifie qu'il ne fera qu'une bouchée de ces trois hommes pauvres d'esprit mais riches en boisson.
le spectacle commence, les cartes se perdent entre phalanges expertes, sans pour autant entamer la valse de la malhonnêteté. victoire bien trop aisément arrachée une première fois puis deux, trois et alors les proies commencent elles-mêmes à montrer les crocs — invoquent tricherie pour excuser leurs piètres performance. mais le prodige s'ennuie déjà, songe à assouvir ailleurs son besoin d'adrénaline. excuses formulées avec une politesse enduite d'un cynisme à peine dissimulé, puis s'en va non sans avoir rassemblé son gain. l'arrogant escroc ne remarque même pas que trois silhouettes prennent sa suite, dépasse à peine le coin de la rue avant que vengeance décide de le cueillir au vol. embuscade encouragée par une fierté démesurée et par l'envie de reprendre ce qui tinte sous sa veste. « you thought you could get away with playing us, huh ? » tapies dans l'ombre de la ruelle déserte, les trois silhouettes ne sont plus tant des proies. « sorry, but i think you played yourselves. i don't know why i am to blame for your lack of talent. now, if i may— » on ne lui laisse pas le temps d'achever sa phrase, réclamant à l'unisson précieux solarions perdus. lueur argentée reflète la nuit dans la main d'un des hommes, danger plane et fait naitre sourire satisfait sur son visage. la quête d'adrénaline s'achève plus tôt, apporte un autre dénouement. lentement, la main se glisse jusqu'au pièces dorées et s'en saisit entièrement. rapide coup d'oeil en direction du sol, puis, dans une lenteur tragique, étire son bras et relâche les doigts. les pièces tintent contre le métal puis silence s'abat tandis que les pièces disparaissent entre les fentes de la bouche d'égout, en sécurité dans leur territoire. « oops. truly cannot believe how clumsy i am sometimes. »

pluie de coups s'abat sur coquin triomphant, donne à sa salive le goût du fer. reste statique tandis que ses vêtements se tâchent de carmin et que ses os craquent, se nourrit de la douleur avec avidité.

frappez
frappez encore,
que je trouve enfin la Mort
que je sente enfin la Vie.

si seulement l'hybride n'était pas, si seulement le destin pouvait le recracher ici, alors les ecchymoses demeureraient, se mueraient en véritables cicatrices, témoignages ultimes de la douleur qu'il sent marteler son crâne. que restera-t-il de cette douleur alors, quand dans quelques heures à peine le triton aura fait son oeuvre et que sa peau redeviendra immaculée ? de quel droit pourra-t-il affirmer avoir souffert quand rien ne subsistera pour le prouver ?


carcasse abîmée se traine jusqu'au foyer, ressent déjà les effets d'une guérison cent fois maudite. devant l'auberge rencontre pater tapi dans l'ombre, et seulement alors les prémices de la culpabilité surviennent. « got jumped by three guys. accused me of cheating. wasn't doing so, for once. » bribes d'explications jetées dans des paroles économes, serait prêt à blamer mâchoire encore douloureuse plutôt que l'absence de raison valable expliquant son état, surtout quand tous deux savent qu'il aurait tout aussi bien pu se tirer d'affaire sans une égratignure. « it's no big deal. let an hour pass and it's all gone. thanks to the merman for that. » regard qui se veut nonchalant, en attendant que la sentence tombe — ou pas.

@amon saab
[crédit; icon (c) vocivus, quote (c) imagine dragons]

@vesper faust
[crédit; lulu]

renard espiègle devient cabot obéissant face aux prunelles insondables, ne peut que s'exécuter et faire un pas de plus vers l'échafaud. crachin venu du ciel s'attèle à laver ses pêchés, précipitant encore la disparition des marques parsemant l'épiderme. la frustration, bien qu'enfantée par son esprit écorché, croît encore face à la question de l'aîné qui, comme bien souvent, semble s'emparer immédiatement de ses pensées. « of course not, but— » la réponse peine à se former, oscille quelque part entre mensonge et vérité, puis s'interrompt pour laisser place aux mots du coeur. « but is it wrong of me to think that this blessing given to us at birth might as well be a curse ? » faciès demeure de marbre, joue l'indifférence en une tentative de ne pas laisser les maux s'échapper davantage.

tentative vaine de son état, puisque son interlocuteur est peut être bien le seul qu'il ne saurait tromper. quelle peut bien être l'utilité d'ériger des barrières lorsqu'on les place devant celui qui peut voir à travers ? quelles cartes reste-t-il à abattre devant le maître du jeu ?

et si le valet a beau s'incliner face au roi, un as lui avait un jour appris à toujours conserver un atout dans sa manche. « i dealt with this. » de sa poche s'extirpe la bourse remplie des solarions tant convoités, que sa roublardise avait poussé à récupérer après un douloureux détour sous la surface. « and i will deal with them, separately, as soon as the sun comes down again. » promesse d'une vengeance lancée sous les étoiles, qui n'est vraisemblablement ni la première ni la dernière. la lucidité retrouvée, l'envie de rendre les coups apparait. mais le vassal reste d'avis que la retribution devrait se faire sans témoin. « i don't want anyone to doubt my abilities, and i'll admit i was not the most... thoughtful. it won't happen again. » confession finalement arrachée, fierté mise de côté à contrecoeur l'espace d'un instant, tandis que l'esprit cherche justification. « but i can use it to my advantage. people won't confide in me anymore if they fear me. they need to think of me as an equal, or even better, to think they are just a little bit above me. and just when they think they already won, i make them lose everything. » déjà ego s'exprime à nouveau, se charge de le persuader que cet écart momentané n'a pas effacé le contrôle qu'il exerce sur sa situation.


c'est la voix du fantôme qui retentit, celui là même qu'on lui demande d'abandonner. l'avertissement du mentor résonne sous les astres, rebondit sur les réverbères et sur les blocs de pierres jusqu'à se piquer profondément dans sa conscience atrophiée.

living weighed by ghosts will only bring you swifter death.
ghosts will only bring you swifter death.
swifter death.

la figure qui se redresse est redevenue celle du gamin désoeuvré, et dans sa voix s'étouffe l'agonie d'une âme qui a désespérément besoin d'être guidée. « it seems like i just can't stop them from haunting me, then. how can i ? » do you know how ? please— tell me how. prunelles trouvent le sol à nouveau tandis que le silence gagne l'atmosphère le temps d'une courte réflexion. « from what i've heard since i got here, i think we all are struggling with our own ghosts. some are just better at hiding it. » double sens s'accompagne d'une oeillade appuyée. macomb's end est-elle la terre des miracles ou bien celle des morts-vivants ?

@amon saab
[crédit; icon (c) vocivus, quote (c) imagine dragons]