Tintamarre de voix, vociférant absurdités et injures berçant pirate forcené. Taverne prise d’assaut par les matelots en permission. Parmi les piranhas déchaînés, slicer sur le côté, observant camarades fraîchement côtoyés de cette nouvelle vie au sein d’un équipage principalement krakenifié. Étrangement, se sent férocement à son aise dans cette atmosphère mystique à la violence piquante et assassine. Mais à l’instant, les murmures se font cachottiers. Capitaine pater et fille enragée crachotent amertume et rancœur dans une infâme mélopée désaccordée par-delà des murs aussi fin qu'un parchemin constellé d'éraflures morcelées. Un capitaine impartial face à une progéniture contrecarrant tradition millénaire pour sa soif infernale de reconnaissance brigadière. Voici que les principaux concernés de la rixe familiale s’égosillent dans leur piaule aux cloisons miteuses, offrant involontairement un concert gratuit au public ébréché de grivoiserie malfamée dont la moitié n'auront aucun souvenir dès l'aube approchée.

S’écarte finalement du tumulte et des ricanements de l’équipage s’amusant du spectacle claironnant. Sur le chemin, empoigne pinte de lambic enivrante qu’il emmène avec lui sur le parvis à l’extérieur dans un soupir nonchalant de paresse anémiée. L’air frais de la nuit lui claque le faciès d’un bien-être salutaire hors de l’humidité grabataire des camarades fêtards. Il laisse silhouettes le dépasser, disparaissant dans le vacarme de la foule fêtant le retour sur les terres d’une Cover Island assombrie. L’assassin quant à lui, s’accoude à la rambarde, fond sonore s’étant atténué au vacarme habituel d’une auberge en proie à une soirée arrosée et aux noctambules attablés. Longue gorgée pensive insuffle ses veines d’une vivifiante promiscuité avec ses pensées aux effluves inédites. Nouvelle “famille” parmi ces scélérats krakens et humains, place se voulant temporaire pour l’arnaqueur des tavernes. Renifle sensation étrange d’avoir été accepté, l’habitué aux nuits solitaires l’ayant fait statue d’acier face à ce concept fulminé qu’est la fraternité.

Chahut soudain et conséquent le déconcentre dans sa réflexion. Brusquement, les portes de la taverne tonne leur colère en laissant une tornade s’échapper non sans un fond sonore de sifflements des mâles à l’intérieur, aux pulsions triviales. A l’opposé du parvis, pirate teigneux reste impassible. Constate souffle de rage, de colère et d’amertume émanant de la jeune femme à l’identité rapidement dévoilée. La fille Hedersett déjà aperçu du coin de l'œil entre deux passages à terre. Forcenée comme son père, un physique néanmoins plus aguicheur à en juger le lorgnement grivois sur ses courbes, n’apercevant dans la nuit qu’une ombre paradoxalement autant solide que fébrile. N'sait pas trop pourquoi, instinct le pousse à briser sa respiration saccadée en annonçant sa présence qu'elle n'a pas remarqué en simple onomatopée. « Hey. » Patronyme inutile sous le ciel obscurcie de cette nuit ternie. Croise alors regard tueur dont l’éclat de la lune fait illuminer pupilles menaçantes. Sans trahir une once d’émotion, prend sa chope entamée par principe ordinaire d’offrir remontant à des nerfs à vif. « ‘must be thirsty after all the ‘screaming to my dad’ thing. » Voix placide suffisamment éloquente par sa tonalité rocailleuse malgré le fond sonore de brouhaha continuel derrière les portes battantes. « If you wanted to be discreet, by the way, you failed. » S’permet ironie déplacée en totale conscience d’attiser un feu bien portant et fulminant. « Don’t shoot the messenger. » Brimade faussement innocente accentuée par paumes levées donnant ainsi l’image improbable du pirate immaculé de tout désir de contrariété. Intuition sauvageonne, elle a l'étiquette de fille du capitaine sur le front côtoyant celle du danger affriolant, le poussant à effleurer un doux péril grisant.

@Elil Hedersett
[crédit; icon (c) lux, lyrics (c) hozier]