Arrivée dans la vieille échoppe léguée, les mains innocentes de la jolie blonde avait remis lettre à retardement; explose quand les mots se dessinent sous ses yeux fatigués. Comme si soudainement, tout ce qu’elle avait toujours essayé de refouler lui revient sans pitié. N’a pas besoin d’en lire plus. Jeffrey, usurpation d’un nom qui n’est plus le sien. Identité maternelle effacée au profit d’un mari qui n’existe même plus; lui suffit pour déchirer le papier. Va devoir y retourner. Les retrouver. Peut pas espérer les éviter, ils l’ont forcément reçu. Et leur mère, elle n’était pas grand chose mais au moins, ils s’accordaient à l’aimer.

27th december, 1000

Lyan avait bien choisi sa date. Farewell day comme fête préférée, avait toujours exigé une trêve pour profiter des lueurs du feu dévorant dans la nuit. Calme irréel d’une famille déjà déchirée, apaisement temporaire pour plaire à la mère qui n’avait plus comme pauvre réalité que les traditions. Peut-être qu’elle aurait le droit de partir dans les flammes des barques dévorées.
Elil avait immédiatement prit le bateau quand nouvelle parvenue, débarque le jour même, pas un de plus, pas un de moins. Hors de question de rester plus longtemps que nécessaire. Ne sait même plus combien d’années la séparait de leur dernière rencontre. Veut pas y penser, creuse un trou dans sa poitrine déjà bien amochée. En noir de la tête aux pieds, s’est même autorisée une lame contre sa hanche, dissimulée aux yeux de tous mais pas au contact de sa peau. just in case. La confiance n’est pas maître d’ordre et ce n’est pas à l’enterrement maternel qu’elle perdra sa tête.

Maison familiale bientôt dans périphérie, cœur lourd et gorge emprisonnée, épines empoisonnées s’accrochent sans vouloir la laisser respirer. Enfonce ses poings serrés dans les poches vides de sa veste, refuse de laisser transparaître l’angoisse suffocante qu’elle croyait depuis longtemps effacée. Faut croire que les habitudes reviennent plus vite qu’elle ne l’avait imaginé. De longues minutes devant la porte, Elil paralysée par les souvenirs répugnants. Voudrait partir en courant, retourner à bord et s’enfoncer dans l’immensité de l’océan. Mais à la place, elle abaisse la poignée. La maison est plongée dans le noir; dos tendu, oreilles à l’affut, pourrait presque voir son père houblon aux lèvres, mère aux fourneaux. Chasse l’image. they’re dead. Devrait lui apporter une certaine consolation, mais étrange cafard lui pique la rétine. Au milieu du salon quand grincement si familier perce le silence. Botte rencontre la pierre, et hésite à se retourner. Un instant, elle a de nouveau quinze ans, sœur dans sa chambre, bordée par la mère; frère retourne de l’entraînement éreintant, le père sur ses talons. turn around. Fait l’effort, rencontre l’arrivant; cœur explose, parce que c’est sa seule famille.
the only one left.

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@elil hedersett
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you’re not the one i was hoping
hoping to confront when i’ve barely come home

Se retourne à l’instant où ses mots vipère résonnent, emplissent l’espace qui n’a jamais été aussi vide. Plus personne pour habiter la vieille baraque, l’envie de tout brûler lui enserre la gorge. Qui sera là pour pleurer cette vie dont personne n’avait jamais voulu ?
a loving mother. Elil prête à rire si seulement elle n’avait pas envie de crier; oh, comme elle avait changé. Plus de vingt ans séparent leur dernière conversation et rien n’avait préparé la plus jeune. Parce qu’elle avait fui sans regarder en arrière, à peine une ombre ramasse ses maigres possessions et s’en va. Sa mère, son frère, sa sœur. Plus rien de celle innocente à suivre la mère défunte; traîtrise marquée sur son front, fer rouge l’a abîmée depuis bien longtemps. « you’re the only one remembering a loving mother. i only recall a dismissive one. » parce que personne n’a jamais voulu de l’enfant du milieu.

Premiers mots balancés, la voix rauque d’une émotion qu’elle ne voulait pourtant pas trahir. Incapable de rester insensible; famille comme seule faille d’un bouclier qu’elle pensait invincible. well, how fun is that.
« the house never seemed so safe. it’s so quiet. » les pleurs mater, les cris pater; plus rien. how fucking relaxing. Syfa si prêt, à l’impression que l’air manque et se soutire à sa présence, se dirigeant déjà vers la porte. Trouveraient sûrement frère aîné sur les lieux de la cérémonie. « we gotta go. don’t want her waiting too long. » évite consciemment la plus jeune, comme une honte qui la paralyse, l’empêche son rôle de sœur. Le cœur serré d’amertume, ouvre la porte pour laisser passer Syfa. Peut pas tout mettre de côté et pourtant, n’oublie pas le poignard planté dans le dos de leur sang. Le frère incapable d’accéder à l’héritage marin, avenir meilleur pour un équipage qu’elle méprisait désormais. Sentiments conflits n’osent pas s’aligner, et cadette désormais inconnue, trop compliquée à cerner après tant d’années sans chercher la moindre explication. Aurait pu demander, aurait pu savoir; écouter pourquoi elle n’avait pas hésité. Mais Elil avait préféré la fuite. Elil avait pensé à soi, pour une fois.

@Syfa Hedersett
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