Havre de paix entre les murs épais de la bibliothèque, les nuages à l’extérieur sont bas dans le ciel de minuit. Les lampes à pétrole et bougies d’ambre pour seuls éclairages dessinent les ombres d’histoires maintenues souvent secrètes au sein des pages des milliers de livres qui l’entourent. Le silence y est malgré tout léger, pendant que le parquet craque sans raison. Enfoncée en travers d’un fauteuil en cuir, les jambes se balançant de le vide, Mackenzie est immergée dans son refuge. Il ne manquerait plus que les notes mélancoliques d’un piano distant, un feu de cheminée crépitant et un ichor brûlant pour compléter la scène. Éprise de l’histoire qui se déroule à chaque phrase, ses lèvres aussi rouges qu’un fruit sauvage se pincent, impatientes, ses sourcils se froncent, aussi concentrée qu’absorbée.

Mais ce moment, elle le mérite. Après une journée à ses côtés, entre réunions stratégiques et tête-à-tête interminables, sa tête est trop pleine de lui. Et elle est frustrée. De ce trop plein qui ne cesse de la hanter. Et aujourd’hui, elle cherche à lui échapper, s’faire submerger par une autre histoire. Les récits au goût antique ne sont que des pansements, elle le sait, mais elle s’en contentera. Comme à son habitude, son esprit trop brillant ne peut s’empêcher de capturer quelques passages qu’elle reportera plus tard dans un carnet. Et plongée dans les profondeurs de l'histoire, elle laisse ses doigts glisser sur les lignes, traçant le chemin des héros et des aventures qui se déroulent sous ses yeux. Ses pensées, pourtant, vagabondent malgré elle, revenant sans cesse à ce qu'elle a laissé derrière, dans l'arène de son quotidien. Elle secoue la tête, cherchant à se débarrasser des images persistantes, se concentrant plutôt sur les mots devant elle.

Le temps semble s’arrêter ici encore plus qu’ailleurs, le papier et l'encre pour seuls témoins de cette pesanteur. Elle lève les yeux un instant, contemplant les rayons qui se dressent comme des gardiens stoïques de la connaissance. Son regard est attiré par les détails minutieux de la reliure des livres, les gravures séculaires qui ornent leur couverture… Puis c’est le son de pas feutrés qui brise sa tranquillité. Mackenzie tourne la tête, ses yeux clairs se posant sur une silhouette familière. Lincoln… qui semble toujours savoir où la trouver, surtout lorsqu’elle passe son temps dans des quêtes sans fin et sans réponses. Lui est le genre d'esprit qui rassemble les indices. Elle, l'éternel problème à résoudre.
“When did you come back? Why are you here?” Le livre toujours sur ses cuisses qu’elle feint de continuer à lire alors que sa présence la distrait clairement. “Don’t tell me: you finally miss me?” Souffle chaud s’extirpe de sa poitrine, alors que ses mots viennent piquer. Incapable de ne pas lui en vouloir à chaque fois qu’il part en expédition… Comme un mauvais souvenir de leur relation passée…



@lincoln mcmillan

Elle le déteste quand il a ce sourire de mauvais garçon, lorsqu’il est trop confiant. “Not really…” C’est comme gravé en elle qu’il préférera toujours les aventures à la vie sur Lawfort. Son regard file, s’accroche à ses mimiques, ses gestes… Les lunettes qu’elle retire pour en mordiller distraitement une branche, tandis que sa voix à lui vient grésiller en écho quelque part, là, à l’intérieur, au niveau du plexus solaire. Résonance charnelle qu’elle tient en laisse parce qu’il y a toujours eu quelque part entre eux, un drôle de jeu. Fiertés emmêlées, railleries pour taquiner, chercher les réactions de l’autre dépourvues de toutes défenses, comme une autre danse. C’est ça quand on connaît les vérités sans (se) l’avouer.
Et elle s’est levée pour le rejoindre, récupérer son livre qu’il s’amuse à tenir à distance histoire de l’agacer. “Aw do tell. You know me. I’m always curious of how you can make a girl dream…”, qu’elle lui souffle dans le cou depuis la pointe de ses pieds, avant de s’éloigner. Rôde l’animal prédateur qui le contourne et tourne autour. “Did you clean yourself up for me or is it just for the old books?”

Elle fait un pas en arrière, nouant les bras sous sa poitrine, son regard scrutant chaque détail de son apparence. Sa voix teintée d'un sarcasme affectueux reprend aussi vite. "Let's be honest, Lincoln. Your so-called 'exciting expeditions' are as much about finding yourself as they are about discovering whatever lost treasure you're after this time." Sa voix est douce, mais ses mots sont acérés, un rappel de leur passé commun et des vérités non dites.
Mackenzie repart ensuite lentement vers une étagère, ses doigts effleurant les dos des livres. "But who am I to judge? I hide in my work and in books, you hide in your adventures. We've never been that different after all…" Geste suspendu dans un arrêt sur image, elle se retourne vers lui, un sourire en coin scotché à ses lèvres. "So, what was it this time? Forgotten cities? Buried treasures? Or maybe, just maybe, a realization that what you're really searching for can't be found on a map?" Ses yeux électriques crépitent d'un mélange de défi et de curiosité. Et il y a plus. Une lueur, un quelque chose de non résolu dans son regard, une porte entrouverte sur ce qui pourrait être. Face à Lincoln, elle éprouve toujours cette tension familière, libertine et chaude, un mélange de mélancolie subtile, de faim et de réticence. Et il sait aussi bien accueillir les lâchers-prises de ses inlassables frustrations.
Mais ce soir, ses mécanismes de retenu sont là, relévés, tendus par la silhouette amirale ancrée dans son quotidien. Nervosité griffée dans ses épaules et sa nuque qu’elle vient masser, et d’un soupir étriqué, elle retourne près de la lourde table en bois où d’autres ouvrages sont étalés attendant d’être lus. “Our students deserve your teaching, you should be around here more often…”, qu’elle confesse presque tout bas, regard détourné et plongé sur les lignes d’un vieux papier.



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Les sourires boomerang entre deux piques d’enfants capricieux. Chacun leur tour, ils pointent et tirent : flèches décochées, coeurs liés, amarrés, qui se retrouvent à chaque houle. Haussement de sourcil quand il évoque les mystères plus difficiles à lever, la malice en écho, comme si elle comprenait ce qu’il cherchait à dire… Et jamais dans ces moment-là, elle ne détourne les yeux de lui, trop confiante… Enveloppe de chaleur qu’il tisse autour d’elle en un regard et dont elle ne voudrait jamais se passer. Parce qu’il est son provocateur préféré. Celui qui sait la faire plonger autant que lui tenir tête. Celui qui sait la caresser autant que l’égratigner. À eux deux, ils savent se laisser nus et mordants, griffes plantées dans les draps ou le bois. Avec l’envie d’être entouré de hiboux et faucons, de livres et de fleurs qui ne fleurissent que lorsque personne ne les regarde. Du moins pour l’instant.

Et parfois, elle laisse ses remarques en suspend, car une chose à glisser hors d’elle et qu’elle n’est pas prête à s’en défaire tout de suite. En revanche, elle capte douceur rassurante dans ses mots quand il confie qu’il restera un peu de temps à Lawfort. Palpitant désaccordé, entre loupé et cavalcade, y a quelque chose de soulagé quand iris se retrouvent aimantés. Droiture qu’elle aime et qu’elle voudrait garder, et retourner. Parfois il l’impressionne, coupe le souffle dans sa démarche qui s’impose, sa confiance séduisante qu’il lui renvoie de plein fouet. Duel plus que charnel, auras au bord du trépas. and maybe a little bit of you as well. Fait fleurir sourire carnassier, éveille faim intérieure alors qu’il s’approche et que cuisses s’écartent pour lui faire place trop naturelle. "Oh come on… You know they don’t ignite the same pleasure in me…" Léger rire qui frémit dans ses cordes vocales, visage levé vers sa carrure qui la surplombe enfin. Barbe naissante et mâchoire taillée qu’elle pourrait dévorer… Au lieu de cela, main gracile agrippe chemise pour l’attirer un peu plus à elle. "I wonder… How much of me do you want?" Souffle volcanique qui bondit entre ses lèvres, contre sa peau, comme une longue brûlure qui hante les os. "So I’ll make sure to be… to have enough." Et enfin. Une tendre émotion l’embrase, palpite dans un baiser qu’elle ne peut plus retenir de lui donner. L’avidité qui renaît un peu plus à chaque fois. Comme toujours quand il est si près. Les mains qui se nouent derrière sa nuque, dérive sur le tissu dont elle veut se débarrasser… Désir de peau à peau qui glisse sur la sienne jusqu’à effleurer autre texture impromptue, provoquant arrêt net des nouvelles hostilités. Oeillade sur les pansements qui parsèment son torse… Secondes qui flottent où elle ne dit rien avant de revenir à ses yeux, s’approcher comme jamais, resaisir ses cheveux entre ses doigts, et coller son front contre le sien, beaucoup plus proche que la première fois. "If you ever come back" to me "with other wounds, I’ll make sure your situation gets worse." Et cette fois-ci, il y a plus. Colère maintenue dans une férocité ardente. Un sérieux à déceler, une intensité à en faire frémir chaque sens quand elle capture ses lèvres une nouvelle fois. Langueur gourmande qui se répand à chaque mouvement. Un signe avant-coureur de ce qui pourrait les attendre si ils se décidaient à chavirer. Tous les deux. Ensemble. Puis ses lèvres se décrochent à peine des siennes, laissent une douce morsure au passage, au coeur de leurs respirations tellement entremêlées. Ses prunelles qui se rouvrent sur les siennes. Ses lippes qui se pincent -goûteuses, elle ravale sa salive. Et toujours contre leurs jumelles, elles se meuvent pour murmurer : "Do you understand me?"
Ravale légère frayeur que la mer emporte à nouveau être cher. Que l’appel d’ailleurs entraîne au loin pour ne jamais redonner ici. Alors elle recule sur le bois de la table. Défi qui revient par fierté faire taire prémisse de sentiments éloquents. "So now, prove me you’re good, or there won’t be any ravaging tonight."



@lincoln mcmillan